Magnifique lever de soleil aux couleurs chaudes ce matin, rose saturé, jaune beurré, filins d'or qui soulignent les dernières feuilles d'automne d'un contre-jour lumineux. L'air est frais mais vivifiant, agréable après quelques heures d'insomnie. Les oiseaux s'en donnent à coeur joie et mes petits écureuils compagnons se pourchassent de long en large à travers la rue, pris d'une énergie fébrile que je leur ai rarement vu de si bonne heure. C'est comme si tout conspirait pour me dire "ça va être une bonne journée". Eh bien, on va s'arranger pour que ce soit le cas.
Test officiel des thés de Kancha aujourd'hui, ma patience est arrivée à son terme. Ce n'est peut-être pas bien sage, dans l'idéal il faudrait attendre une bonne semaine de plus, mais mes liqueurs d'hier étaient beaucoup plus satisfaisantes, c'est le signe que j'attendais... et puis après dix jours sans y trouver plaisir, je prends le risque. Fini le hiatus !
C'est quand même la prudence qui me fait choisir le Cui Feng Black Yancha plutôt qu'un autre peut-être plus fragile. Le site me dit qu'il s'agit d'une récolte d'automne en provenance de la montagne de Cui Feng, faite par un producteur qui a voyagé en Chine pour se former à la confection des thés de rochers. Avec cette description je m'attends à quelque chose de doux et rond, avec des parfums et saveurs qui montent bien au nez, et c'est exactement ce que je retrouve dans la tasse.
Julien parle d'arachides et de fruits confits, et je dois dire que c'est assez exact. En fait j'ai surtout l'impression d'une infusion de ces pâtes de fruits que j'avais mangé dans le Tarn à l'occasion d'un séjour il y a 15 ans, avec quelques aspects d'huile de noix dans la texture surtout. La liqueur est très fine, sans aspérités, avec des arômes soutenus par la lourdeur oxydée des thés rouges. Je n'y trouve pas vraiment les notes de torréfaction mentionnées, mais c'est peut-être l'effet de la théière. En tout cas ça me plaît bien.La pluie qui se met à tomber pendant la troisième infusion agrémente ma dégustation de jolis sons et parfums complémentaires. Les gros arbres rouges de l'autre côté de la rue laissent échapper leurs feuilles une par une sous cet assaut de la nature. L'espace de quelques infusions, il y a quelque chose de féerique dans l'air. Mes petits compagnons à pattes fines finissent par s'enfuir pour se mettre à l'abri... Moi je reste, au chaud et au sec à la fenêtre.C'est une forme de luxe, quand même, de pouvoir prendre son thé dans ces conditions.
Les parfums de nez prononcés, typiques des cultivars de Taïwan, me restent dans le voile du palais entre chaque gorgée. J'avais oublié cette particularité d'un thé bien fait. Au bout de la sixième infusion ça commence à donner des signes d'épuisement, ce qui est tout à fait respectable pour 3 grammes dans une théière de 125ml, d'autant plus pour un thé rouge. J'épuiserai les feuilles dans le gros yunomi, puisque je n'ai aucune envie de mettre un terme à cette dégustation.Merci de cette belle trouvaille, Julien. J'y ai trouvé une paix qui m'a fait défaut trop longtemps.
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