Informations et provenance : Échantillon de Lionel du blog Les Mots du Thé, un poète dont j'apprécie l'oeuvre en plus d'être un amateur de thé dont j'admire la pratique. (Aussi l'un des admins du Forum des Amateurs de Thé. Et un ami, bien entendu. Je suis comblé.) Un grand merci à toi, ce n'est pas tous les jours qu'on a la chance de goûter un thé de cet âge.
Le thé, lui, est un sheng vieilli dont l'origine est quelque peu polémique (comme la plupart des produits fournis par la M3T il faut dire). Vendu à l'origine comme un thé de 1999, il a été identifié sur le blog de MarshalN comme étant en fait une galette de 2001 (voir les commentaires). Lionel et Sébastien de Vacuithé en ont tous deux fait des dégustations, je laisse ces liens parler d'eux-mêmes et passe à la dégustation.
Détails d'infusion : 5 gr. / 100 ml en Purion de Lin's Ceramics. Eau filtrée Brita, chauffée en continu à 100°C en Glass Kettle. Deux rinçages flash espacés d'une minute. Temps d'infusion : 10s. - 15s. - 15s. - pause pour manger. Reprise : 15s. - 20s. - 25s. - 30s. - 35s. - 40s. - 50s. - 60s. - suite au jugé. Total de 14 infusions.
Vue : De grosse feuilles brunes bien délitées à l'apparence très sèche, je me serais attendu à un vrac mais en fait non. C'est la liqueur qui me surprend davantage avec sa couleur très pâle, un rouge orangé tirant sur l'ambre... vu l'âge, l'aspect et les effluves de la bête, je m'attendais à quelque chose de beaucoup plus sombre, c'est déroutant. Mais il faut dire que j'aime bien quand un thé déjoue mes attentes.
Odeur : Le parfum de champignons de Paris me saute au nez dès que j'ouvre l'emballage. Une fois désensibilisé par l'assaut initial, j'y perçois des odeurs de cailloux, quelque chose qui me rappelle le sable et les falaises rocailleuses. Et tout ça avant même d'avoir déposé les feuilles dans la théière !
Cette odeur de champignons qui était si forte disparaît complètement par la suite, c'est bluffant. J'y retrouve maintenant un parfum légumier, pois chiches ou haricots rouges je ne suis pas sûr, qui oscille de temps en temps vers quelque chose de plus minéral et végétal avant de revenir vers les légumineuses.
C'est l'une des choses auxquelles je reconnais bien un produit de la M3T quand même, ces parfums très puissants et complexes qui se développent tout au long de la dégustation...
Goût : Je dois admettre être quelque peu déstabilisé sur les premières infusions. Le thé développe des saveurs très puissantes et persistantes de légumes verts bouillis (brocoli, rapini, épinards, etc.) mêlés de cailloux, d'un tabac très prononcé et pas toujours très agréable, de légumineuses ainsi que quelque chose de curieusement iodé. C'est une impression des berges du fleuve St-Laurent qui me vient en tête au fil de la dégustation, avec parfums d'algues, air iodé et sable mouillé, et une finale en bouche sur la menthe vive et le camphre.
Ça devient plus abordable gustativement par la quatrième infusion, après que les feuilles aient eu un peu de temps pour reposer dans la théière... et c'est une chance car c'est un thé qui dure, qui dure, je n'en reviens pas de cette longévité, je l'ai étiré sur deux jours.
J'en reste sur l'impression d'un thé incroyablement complexe qui se trouve présentement dans une phase un peu ingrate, avec certains arômes qui vieillissent plus vite que d'autres, et un équilibre des saveurs qui s'en trouve débalancé. Cela dit, vu la puissance et persistance de ce thé, j'envie bien sa galette à Lionel car c'en est une dont j'aimerais bien observer l'évolution dans le temps.
Texture : Ma gorge a eu tendance à vouloir se serrer un peu sur les trois premières infusions mais ça s'est vite calmé pour la suite de la dégustation. En bouche c'est une liqueur fine, légèrement huileuse, dont l'effet frais persiste aussi longtemps que les saveurs et nous laisse avec une impression presque photographique.
Couleurs : Les couleurs me donnent l'impression de regarder au fond d'un puits... rayon de soleil qui frappe l'eau verte, gouttes d'eau qui viennent agiter les reflets lumineux, créatures à peine perceptibles qui nagent en ondulant sous la surface... tout un univers.
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