mercredi 5 novembre 2025

2014, Qing Mei Shan "Old Arbor", Yong De, Mengku, Lincang, Yunnan Sourcing


En 2014 j'ai gagné le premier prix du concours de Yunnan Sourcing. 

Scott avait commencé deux ans plus tôt à presser ses propres galettes. C'était la troisième fois qu'il lançait en janvier un appel pour recevoir des soumissions de design en accord avec l'année chinoise en cours. Les concours des deux années précédentes avaient été remportées par des illustrateurs professionnels. Leurs designs, minimalistes et bien léchés, rassemblaient toutes les qualités qu'on peut attendre du travail de quelqu'un qui en a fait son métier. 

En janvier 2014, moi, j'étais accablé par le deuil. Philippe nous avait quitté quelques mois plus tôt et j'en ressentais encore un impact vif... mais surtout, mon grand-père était aux soins palliatifs depuis le début novembre, en train de perdre son combat contre la leucémie. J'avais besoin d'un échappatoire et ce concours, c'était exactement ce qu'il me fallait. 

Considérant mon statut d'amateur, je n'avais pas vraiment en tête de gagner. Quand on m'a annoncé que j'avais remporté le premier prix, ça m'a donné un choc. Malheureusement, les galettes ont été pressées tardivement cette année-là et pour plusieurs raisons, je n'ai pas eu l'occasion de m'en récupérer une à l'époque. 

11 ans plus tard, c'est maintenant chose faite. Elle est arrivée hier. 

Évidemment, dans l'idéal j'attendrais jusqu'au début décembre avant de la faire tourner dans mes théières. Mais est-ce que j'ai la sagesse et la patience d'attendre jusque là, alors que je viens de recevoir 400 grammes d'un thé que je n'arriverai probablement pas à finir avant la fin de ma vie, simplement parce que j'en ai déjà beaucoup trop ? Absolument pas. 

D'une façon tout à fait prévisible, la liqueur est brusquée, sèche et râpeuse sur les premières infusions... les arômes sont verts façon salade confite, en retrait, mettant de l'avant des saveurs métalliques et désagréables. Exactement tous les problèmes que je rencontre encore et encore sur des thés testés trop tôt, ou à la mauvaise période de l'année. Bref, tout ça, on y reviendra dans un mois ou deux pour voir ce que ça donne car en ce moment c'est impossible de juger vraiment.

Mais je remarque aussi une belle épaisseur à cette liqueur, qui est d'ailleurs d'une limpidité exceptionnelle pour un puerh. Je remarque que ses arômes me tapissent la bouche, y demeurent un long moment. Je remarque la chaleur qui me prend la gorge après son passage, l'énergie qui m'étreint comme un amant. La description originale, inchangée depuis 2014, mentionne un "kick-ass cha qi"... il y est encore. Mon derrière confirme. Le reste de mon corps aussi. 

On a une bonne idée de ce que les arômes donneront en reniflant la surface de la galette. J'y trouve là un fruité musqué juteux, généreux, qui me rappelle ce que je retrouve sur mes autres galettes du Lincang. Dans ma bouche, une magnifique finale camphrée-mentholée qui s'impose et se développe à partir de la troisième infusion. Ça me fait saliver. J'ai bon espoir (à la limite de la certitude) que dans un mois tout ça se dévoilera davantage, et aussi d'une façon plus agréable pour moi. Après tout, c'est pas mon premier rodéo.

Et sinon... pour la première fois de la semaine, j'ai l'impression d'avoir l'esprit clair et vif. Ça compte, surtout quand on s'est lancé un peu à l'arrache sur un défi d'écriture de roman. 

Trois chapitres à mon actif ! Allez, c'est l'heure d'entamer le quatrième. 

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