Hier après-midi j'ai appris que la grève des transports en commun de Montréal s'est terminée, ou plutôt a été cassée. Les choses ne sont pas réglées, les négociations autour de la table continuent et je souhaite aux employés une résolution acceptable, mais en attendant le service reprend. Et ça, pour moi en tout cas, ça veut dire une ligne directe à la boutique Camellia Sinensis que je m'étais promis de visiter dès que les transports retrouveraient un horaire normal.
Promesse tenue.
Je regrette de n'avoir pas amené mon appareil photo. La rue St-Denis était magnifique, noire de monde comme d'habitude, coiffée de neige et de pluie et pourtant colorée par les dernières feuilles d'automne, les lumières des boutiques, les panneaux d'affiche... Une sorte de New York à l'échelle humaine, avec le charme typique de l'architecture québécoise d'il y a 100 ans mêlée des avancées technologiques du monde moderne. Un paradis urbain qui me ramène tout droit au début de ma vingtaine quand j'y étudiais, car malgré le temps qui passe l'ambiance n'y a que peu changé.
J'aime Montréal. Retrouver le Quartier Latin l'espace d'un moment a été un vrai plaisir. Il faudra que j'y retourne quand les beaux jours reviendront.Bref. J'en suis revenu avec quatre thés, trois wulong et un kamairicha qui m'a été chaudement recommandé en remplacement des sencha que je zieutais. (Apparemment la meilleure période pour acheter les sencha frais arrivé c'est début août. Je prends note.)
L'un des wulong avec lesquels je suis revenu c'est un Oriental Beauty qui vient du Vietnam. Il n'était pas du tout dans ma ligne de mire, moi je regardais plutôt le Guei Fei, mais l'une des employées est venue m'en offrir une tasse et woah. Les parfums ! Les saveurs ! J'ai été conquis immédiatement. Au diable la dépense, je m'en suis récupéré 25g et franchement j'ai bien fait. Je n'ai qu'à humer les feuilles sèches pour le savoir.
C'est celui que je me prépare ce matin.
Il est absolument magnifique. J'ai mis 5 grammes dans mon gaiwan et honnêtement je suis tenté de diminuer la dose pour la prochaine fois, car il me fait de ces liqueurs concentrées ! 10 secondes sur la deuxième et c'est très fort, à la limite d'être trop pour moi. Je le déguste à petites gorgées, les yeux mi-clos, accompagné d'un petit écureuil qui grignote les grains que j'ai laissé pour lui devant ma fenêtre.Entre les shu des deux derniers jours et celui-ci, je me sens revivre. Mes thés sont bons, mes matins sont calmes, je me sens l'esprit clair et le corps centré malgré quelques douleurs qui persistent. Ça faisait quelques semaines que je ne m'étais pas senti aussi bien.
La neige fond doucement aujourd'hui, c'est plus chaud. Je ne sais pas si ça sera suffisant pour faire fondre la pile qui s'est accumulée dans le jardin, mais ce n'est pas bien grave. J'aime bien cette température, quand l'air chaud porte la fraîcheur de la neige, que les trottoirs sont dégagés mais que les plantes en dormance sont encore ensevelies. J'y trouve une magie dans l'air qui se fait plus discrète en d'autres temps de l'année. Question de liminalité, peut-être.
Mes écureuils gourmands s'arrachent les noix que j'ai laissé pour eux, cette énergie par temps froid c'est très bon signe. Je ne les avais pas vus depuis la première chute de neige mais ils sont bien gras et actifs, je suis maintenant rassuré. C'est bientôt la saison des amours pour eux, la nourriture supplémentaire leur donnera un avantage.Quatrième infusion, toujours à 20 secondes. Enfin, je sens qu'il est temps de commencer à pousser. Ce muscat mielleux accompagné de fruits cuits, quels parfums, vraiment. Je ne suis pas tea drunk mais je sens que ça pourrait arriver dans d'autres circonstances, si je mettais de côté l'aspect analytique peut-être, si je n'étais pas en train d'écrire ce billet. La liqueur est d'une couleur soutenue, orange rougeâtre, qui me rappelle celle des feuilles mortes encore fraîchement tombées. Je ne me lasse pas de la contempler, d'en humer les parfums qui embaument la pièce entière.
Vraiment, j'ai l'impression de tomber dans la dithyrambe là, mais c'est parce que je prends tellement de plaisir à cette dégustation. Et puis ça faisait si longtemps que je n'avais pas dégusté d'Oriental Beauty, qui est l'un de mes préférés. Ce ne sont pas des thés bon marché, je n'ai pas souvent l'occasion de m'en offrir une tasse.
Je pourrais continuer à m'étaler mais à ce stade, j'avoue, je n'ai plus rien à dire... c'est bon, c'est parfumé, c'est chaud, c'est réconfortant, et ça me reste en bouche d'une façon très agréable. Bref, je vais laisser le thé me parler de lui-même, et moi me confiner au silence une heure ou deux. Ça fera du bien à tout le monde.
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