samedi 22 novembre 2025

Paris | 2025, Lincang Lao Shu (maocha), Kancha Tea

 

Le ciel a une drôle de couleur aujourd'hui, envahi de nuages à droite et parsemé de ciel bleu à gauche, comme s'il n'arrivait pas tout à fait à se décider. La météo nous annonce un mélange de neige et de pluie en matinée donc j'imagine que tout ça va se couvrir sous peu. Il est encore tôt, j'en profite.

Dans la commande Kancha j'avais deux puerh. C'est le Lincang Lao Shu que je choisis, celui-ci m'avait été chaudement recommandé sur le Forum des Amateurs de Thé donc j'ai hâte de goûter. J'ai mis un mois avant d'y toucher parce que comme je n'en ai que 15 grammes, je voulais être sûr que les feuilles soient remises du voyage et du changement de saison. C'est maintenant chose faite, alors plus de raison d'attendre.

Il y a une petite émotion là quand même... c'est le premier puerh si jeune que je bois depuis très longtemps, du coup il porte le poids d'attentes peut-être disproportionnées. À la base j'espère une liqueur fine et parfumée, beaucoup de fraîcheur mentholée, le musc typique des puerh de cette région, et l'opulence des parfums et textures que mentionne Julien dans sa description. Voyons voir ce que ça donne.

La première infusion est d'un jaune très clair, limpide, qui glisse tout seul dans la gorge. Je n'y trouve pas l'explosion de saveurs à laquelle je m'attendais et surtout ça part sur un pôle complètement différent, mais ce n'est pas une mauvaise chose. C'est raffiné, ça me laisse dans le nez et sur la langue un parfum qui me rappelle les biscuits Savoiardi Ladyfingers (doigts de dame ?) de la marque Bonomi que j'utilise pour les tiramisu. Un truc pâtissier, moins sucré que j'aurais cru vu les parfums, avec de l'orange confite par-dessous qui soutient l'ensemble.

Très différent de mes attentes finalement. Mais c'est un truc très bien, original, différent. Pas de déception à première vue.

Les infusions suivantes continuent dans le même registre, les saveurs se développent et se font plus présentes, ou peut-être plus amples. Ça reste quand même assez léger en bouche, mais ça s'étale dans l'espace. Je ne sais pas si ce que j'essaie de dire est bien clair. Julien a raison, on est dans l'opulence des parfums plutôt que dans l'amertume charpentée, si c'était plus sucré j'aurais pu croire que c'était un wulong.

C'est très différent des thés du Lincang auxquels je suis habitué. Mais j'y trouve autre chose, d'autres nostalgies. 

En fait ce thé m'évoque la France en général et Paris en particulier. Les rues étroites au pavé assombri par la pluie, l'architecture typique qui change trois fois d'époque sur le même pan de rue, les parapluies multicolores des passants qui se pressent d'une porte à l'autre. Les librairies et petits cafés entre deux monuments historiques, les parfums de vieux livres, d'encens et de nourriture qui s'échappent des portes ouvertes. L'ambiance qui se veut raffinée sur les moments du quotidien, la culture avec un grand C, et l'humanité derrière qui entre en jeu, qui à la fois soutient et démolis cette image léchée d'un rêve un peu lointain.

Ça me plaît.

Je ne pensais pas voyager de cette façon aujourd'hui, c'est une belle surprise. Et dans une certaine mesure, considérant ce que ça m'évoque, je me demande si ce thé n'est pas... adapté ? Conçu, peut-être ? Pour le palais français spécifiquement. Cette abondance de parfums de nez, cette opulence toute en finesse qui s'exprime une fois la gorgée avalée, c'est exactement comme les confiseries que j'ai dégusté en France. Ça me rappelle Paris plutôt qu'Aix-en-Provence principalement car je n'y trouve pas la chaleur du sud, mais ça reste dans le même domaine, le même type de personnalité. 

Voilà, c'est peut-être ça les bons mots : un thé chinois avec la personnalité d'une pâtisserie française. 

Bref, bonne pioche. Je suis bien content d'en avoir quelques grammes encore. 

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