Je n'ai pas écrit du tout hier, ni sur ce blog, ni sur l'histoire que je travaille ce mois-ci. Un inspecteur est venu examiner l'appartement, une question d'évaluation du bien matériel de ma coloc à qui il appartient, et j'avoue je m'en suis servi comme excuse pour flancher. Mon corps me fait des misères en ce moment. Je suis épuisé. Mais le lendemain c'est encore plus difficile. Il faut trouver une façon de s'y remettre, de se relever, de retrousser ses manches et continuer d'avancer. La vie ne s'arrête pas parce que j'ai besoin de la mettre en pause pendant 24h.
On annonce encore de la pluie aujourd'hui... dans deux jours, ce sera de la neige.
On en est là.
Le Tamaryokucha que je choisis aujourd'hui, j'ai un mal de chien à l'infuser. Je l'ai ouvert très vite après son arrivée, beaucoup trop vite même, et c'est peut-être pourquoi je n'ai pas encore réussi à en tirer une liqueur qui me satisfait. Chaque fois que je l'infuse, c'est sucré certes, mais c'est aussi acidulé dans des proportions qui me dérangent. J'ai beau jouer sur les paramètres, peu importe ce que je fais il me donne l'impression chaque fois qu'il serait meilleur avec un grammage plus faible, des infusions moins poussées, un espace plus ample pour s'exprimer... mais dès que je réduis trop, je me retrouve avec des liqueurs sans force qui viennent s'échouer sur ma langue comme autant de baleines mortes.
Il faut dire que mon kyusu est particulièrement petit : 85 ml d'eau à vide, rempli à ras bord. L'espace utile d'infusion, une fois les feuilles à l'intérieur, est probablement près du 50ml. Donc systématiquement je mets trop de feuilles, j'infuse pas assez longtemps sur la première et beaucoup trop sur la deuxième, etc. Je ne pense pas que ce petit tamaryokucha aime être poussé de cette façon. Et comme en plus j'ai complètement oublié ce que je faisais il y a 10 ans avec les thés japonais qui ne sont pas des sencha fukamushi, c'est très frustrant.
Je retrouve la même frustration dans l'écriture en ce moment. M'exprimer à travers ce blog me semble beaucoup plus naturel, comme si j'avais complètement perdu la voix anglaise que j'ai passé dix ans à développer. Je suis rouillé et je sens que ce manque de pratique autant au niveau technique qu'au niveau du langage s'y mettent à deux contre moi en ce moment.Mais je sais aussi que pour l'écriture comme pour le thé, la vérité, c'est qu'il y a une bonne dose de blocage psychologique qui entre en jeu. Si je suis convaincu que mon thé est terrible, que mon écriture ne mène à rien, je n'arriverai jamais à en tirer quoi que ce soit. Dans un cas comme dans l'autre.
Alors j'ignore ces pensées. Je persiste. J'écris à m'en défoncer les doigts. J'infuse ce satané Tamaryokucha un matin de plus. J'accepte qu'encore une fois, ça ne sera pas satisfaisant, mais au moins j'aurai quelque chose dans la tasse. J'aurai quelque chose sur la page. Chaque pas en avant est une victoire personnelle contre l'inertie. Et un jour j'aurai l'espace de regarder derrière moi, de voir ce qui a été parcouru et ce qu'il reste encore à faire, et je serai fier de ce qui a été accompli... ou à tout le moins, je serai fier d'avoir tenté d'écrire mes propres pep-talks au lieu de me laisser engloutir par la défaite.
Au point où j'en suis, mon personnage principal est sur le point de construire un engin qui lui permettra d'apprendre à voler. Bientôt j'arriverai à l'une de ces scènes charnières qui me tournent en tête depuis le tout début, l'une de celles qui ont fait que j'ai envie d'écrire cette histoire.Côté thé, la troisième infusion, la dernière, est légère et herbacée, sans grande force mais agréable en bouche. Pour la première fois, j'ai envie de recommencer, de m'en préparer un deuxième.
J'espère dans les deux cas que c'est signe que j'arriverai à y trouver plaisir bientôt.
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