mardi 21 octobre 2025

Fraîcheur | 2014, Wang Bing Shen Tai Cha, Wang Bing, Yiwu Shan, Menghai, Puerh Asia

 

C'est une envie de fraîcheur qui me taraude ce matin. Les notes vives, végétales, d'un Gao Shan de Taïwan. La couleur vert soutenu du sencha Yumewakaba de Hiruma-san, avec ses parfums si prononcés. La morsure amère d'un jeune sheng du Lincang qui se développe en menthol après la gorgée avalée. 

Évidemment je n'ai rien de frais dans mes stocks. J'ai bien deux commandes en cours, mais entre la grève de la poste et l'éloignement géographique, rien n'est encore arrivé. Il faut donc faire avec ce que j'ai chez moi. 

Mon thé vert du matin, un Huiming 2022 de chez Camellia Sinensis qui avait déjà un an au moment de son achat, ne me comble pas. Aucune de mes références ne m'inspire. Je décide donc d'explorer les échantillons gentiment offerts par les copains. À défaut de fraîcheur, au moins j'aurai un peu d'originali-thé.

Après une examination sommaire de ce qui se trouve dans mes tiroirs, c'est sur un thé de Wang Bing que je jette mon dévolu, la galette Shen Tai Cha de 2014 dont Vincent (autrefois du Forum des Amateurs de Thé) m'avait offert quelques grammes. Le petit sachet plastique aurait dû lui perdre toutes ses saveurs, mais la conservation de tous ces sheng au même endroit les ont préservés. Ces feuilles sont encore très fragrantes. 

Les deux premières infusions sont bien légères et me font craindre un raté. Est-ce que c'est l'eau qui gomme toutes les saveurs, ou est-ce que j'ai tout simplement attendu trop longtemps et maintenant les feuilles sont perdues? Est-ce que c'est une question de grammage trop léger ? Aucune idée... je n'ai pas eu ces problèmes sur les échantillons précédents. L'odeur renversante au fond de la tasse vide me signale qu'il faut continuer, tout comme l'épaisseur crémeuse qu'il laisse sur la langue.

Sur la troisième tasse, le thé se réveille enfin. Et quel éveil. À la surface de la liqueur je retrouve des parfums aux notes vaguement animales (tellement typées que pour un moment je me suis demandé s'il ne s'agissait pas d'un thé de Feng Qing mal étiqueté), et dans la bouche c'est complexe, c'est joueur, c'est intense. Par-dessus tout c'est d'une fraîcheur éclatante à laquelle je ne m'attendais pas. L'amertume prononcée est agréable, boisée et végétale à la fois. Alors que j'avais sélectionné ce thé à l'aveugle, après quelques recherches j'y retrouve en fait tout ce dont parlait Luk Zijeko dans cette dégustation de 2017.

Les notes d'Olivier Schneider mentionnent aussi cette timidité des feuilles qui prennent un peu de temps avant de se dévoiler. Bon, ça va alors.

J'ai l'impression d'un retour dans le temps, d'un thé préservé exactement tel qu'il était au moment d'arriver chez moi. Et puis bon sang que c'est bon. Je regrette bien les ennuis monétaires qui m'ont retenu d'en récupérer une galette à l'époque, mais surtout j'ai une grande reconnaissance envers Vincent sans qui je n'aurais même pas eu la chance d'y goûter.

Le temps continue sa course effrénée vers l'hiver, jonche le sol de feuilles mortes et m'apporte une fraîcheur d'un tout autre genre. Les derniers jours ont été très chaud pour la saison, mais là on sent bien que c'est terminé. L'automne se meurt... et ça a beau être ma saison préférée, j'ai l'impression d'avoir passé beaucoup de temps cette semaine à combattre un début de dépression saisonnière.

Heureusement que j'ai encore le thé pour mettre un peu de soleil dans ma tasse.


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